“(…) A qui me reprocherait de mordre, je répondrai que l’Artiste eut toujours la liberté de railler impunément les communes conditions de la vie, pourvu qu’il n’y fit pas l’enragé.
J’admire vraiment la délicatesse des oreilles de ce temps, qui n’admettent plus qu’un langage surchargé de solennelles flatteries.
La religion même semble comprise à l’envers, quand on voit des gens moins offusqués des plus gros blasphèmes contre Jésus-Christ, que de la plus légère plaisanterie sur un pape ou un prince quelconque.
Critiquer les moeurs des Hommes sans attaquer personne nominativement, est-ce vraiment mordre ?
N’est-ce pas plutôt instruire et conseiller ?
Au reste, ne fais-je pas sans cesse ma propre critique ?
Une satire qui n’excepte aucun genre de vie ne s’en prend à nul homme en particulier, mais aux vices de tous.
Et si quelqu’un se lève et crie qu’on l’a blessé, c’est donc qu’il se reconnaît coupable,, ou du moins qu’il s’avoue inquiet de lui-même (…) ”
Erasme.
Holbein le Jeune (1497-1543)
Les Mains d’Erasme.
Crayon/papier
1523.